Interview de Patrick Ladwig, de retour aux affaires, il se livre pour rclons.fr
Patrick Ladwig : « Je tiens, dans un premier temps, à transmettre mes amitiés à l’ensemble des composantes du RCL (ainsi qu’à leurs proches), ainsi que beaucoup de courage, de patience dans ce moment compliqué et délicat que nous impose cette pandémie… Prenez soin de vous surtout, c’est bien là le plus important. »
Bonjour Patrick,
Comment s’est passé votre retour cet été dans votre club de cœur, le RCL ?
Mon retour s’est fait très simplement et très naturellement dans le sens où :
– 1, le club cherchait un éducateur diplômé pour prendre en charge la R2 (Fabien (Roche) n’ayant à ce jour pas encore le sésame pour)
– 2, Redouane (Tahraoui) et moi étions régulièrement en contact (pour rappel on a passé quelques saisons à se côtoyer) depuis sa prise de fonction à la tête du club. Ce lien amical n’a jamais été rompu durant toutes ces années.
-3, j’étais disponible suite à mon départ de Champagnole.Redouane m’a proposé de prendre en main la R2 et la suite vous la connaissez.
Je reviens pour donner un petit coup de main au club dans l’encadrement seniors en toute humilité, en toute simplicité et en toute discrétion.
C’est un nouveau rôle pour moi de manager une équipe réserve, ça demande davantage de souplesse, d’adaptabilité et de pas mal de réactivité (en fonction des choix, besoins, absences, etc.) pour composer un groupe compétitif le week-end.
Je suis et reste à la disposition du staff R1 (si besoin) et le tout est de savoir rester à sa place.
Comment avez-vous trouvé le club et son évolution à votre arrivée ?
Structurellement parlant pas de grands changements 30 après mon arrivée à Lons en tant que joueur… Terrains, locaux, infrastructures pas d’évolutions, ni de révolutions significatives et c’est d’ailleurs assez paradoxal de toujours en être là à ce jour, et c’est peut-être aussi là la limite pour viser plus haut et pour favoriser la formation des jeunes.
Pour une association sportive aussi conséquente en termes de licenciés les conditions ne sont pas réunies pour un développement optimal. Il est indispensable, voire vital, d’avoir un terrain synthétique (entre autre), tant pour l’attractivité du club (pour attirer des joueurs aussi) que pour favoriser les conditions d’entraînements, notamment pour la formation Lédonienne dans son ensemble, et pour viser plus haut pour nos seniors 1.
Cet outil devient indispensable et là je ne soulève que le volet structurel….
Vous êtes en charge des seniors B qui évoluent à un bon niveau en régional 2. Pouvez-vous nous présenter cette équipe ?
Cette équipe est l’antichambre de la R1 avec des joueurs qui ne se côtoient pas forcément sur les séances d’entraînements, avec des niveaux différents, des prétentions, des ambitions et des objectifs différents et avec cette gestion toujours délicate des joueurs « déçus / frustrés » non retenus plus haut, des joueurs en phase de reprises à remettre sur pied, des joueurs qui montent d’un cran (équipe C) et qui d’une semaine à l’autre, avec le jeu des différents choix, perdent parfois patience et ne comprennent pas toujours le pourquoi du comment.
Réussir l’amalgame, réussir à fédérer, assurer une cohésion, une osmose et une cohérence d’ensemble le week-end n’est pas chose simple, facile et de tout repos.
Quelles sont les ambitions dans ce championnat R2 cette année ?
Malgré ces aléas, le début de saison est très bon avec 7 points sur 9 possibles en 3 matchs, mais comme j’aime à le répéter l’équilibre est et reste fragile avec les différents paramètres développés plus haut.
L’objectif prioritaire est de 1, se maintenir au plus vite, de 2, préparer au mieux les joueurs « estampillés R1 » en phase de reprise (réathlétisation suite blessure) ou non retenus ponctuellement dans le groupe A pour qu’ils soient compétitifs tôt ou tard pour réintégrer la R1, quand ils y seront appelés à y retourner et, de 3, faire progresser les autres et les plus jeunes qui sont appelés à se retrouver sur la R2.
Équilibre fragile d’une semaine à l’autre, donc les points engrangés sur ce début d’exercice sont salutaires… et surtout ne sont plus à prendre.
L’équipe réserve lors des matchs de préparation
Vous avez également eu une belle carrière en tant que joueur. Même si les choix sont difficiles, prêtons-nous au jeu des questions :
Quel a été le joueur le plus fort avec lequel vous avez évolué ?
Oui j’ai eu cette chance là, d’évoluer à un bon niveau durant plusieurs saisons (national) même si une grave blessure (rupture du tendon rotulien) et une fin de contrat prématurée à Louhans/Cuiseaux m’ont laissé un goût amer et d’inachevé sur un possible parcours professionnel.
Je dirais : Said Hamimi (International Algérien) : Louhans/Cuiseaux
En tant que défenseur, quel a été le joueur le plus difficile à marquer durant votre carrière ?
Bon là c’est pour les plus anciens… Eric Cantona – Pascal Vahirua : AJ Auxerre
Jorge Dominguez (International Argentin) en coupe de France avec l’INF Vichy face à l’OGC Nice.
Le moment le plus intense vécu sur un terrain ?
Deux moments parmi d’autres :
1- Le titre de champion de France de D4 avec l’équipe de l’INF Vichy contre le FC Lorient de Christian Gourcuff, actuel coach de Nantes.
2- L’enchaînement des 4 montées successives avec le RC Lons jusqu’en D3 (national de l’époque pour les plus jeunes) … Inoubliable.
En tant que coach, y aurait-il un joueur ou une joueuse qui vous a particulièrement marqué durant ces dernières années ?
En tant que coach : l’émergence des joueuses de l’OL : Wendy Renard / Le Sommer and co lors de mon année dans le football de haut niveau féminin (D1) avec le FC Vendenheim.
Enfin, quels sont ton équipe et ton joueur préférés dans le monde professionnel ?
La précocité et le talent de Mbappe.
La sobriété et l’efficacité d’un Kimmich (Bayern Munich).
Sinon, pas fan d’une équipe en particulier….
Avec votre expérience, votre vécu, que pensez-vous de l’évolution du « footballeur » et de « l’Éducateur / Entraîneur » ?
Du haut de toutes mes années dans ce milieu, associé à mes différentes expériences et rencontres (coachs, formateurs, joueurs…) cumulé à mon vécu de joueur, d’éducateur puis d’entraîneur, j’aime et j’ai toujours aimé observer les attitudes, les comportements, les postures et j’ai toujours eu (plus encore aujourd’hui) une oreille attentive sur ce qui se dit par ci par là, et je m’aperçois de plus en plus de la complexité, de la difficulté et de la tâche qu’il y a (à ce jour) d’encadrer, d’entraîner, de manager, d’éduquer voire de transmettre certains principes, certaines valeurs.
Avec cette fâcheuse impression de passer pour un « vieux c– » – humour 😉 – moi je parlerais de « vieux sage » plutôt – « re-humour » !
Conflit générationnel, voir évolution sociétale diront certains ? En ce qui me concerne, je dirais plutôt une question de posture, d’écoute, d’ouverture et/ou de respect tout simplement… voire d’éducation peut-être ?
La valeur d’un Éducateur, d’un Entraîneur se jugent aussi et surtout par son passé, par son parcours, par ses expériences, par son niveau de pratique, par son niveau de formation (voir de diplômes obtenus) et ce parcours là, ce parcours Empirique a valeur d’exemple, a valeur de légitimité et surtout n’a pas de prix.
Il est plus facile de critiquer, de ne pas vouloir comprendre, de ne pas vouloir accepter, de juger.Le plus compliqué ? Le plus dur ? Être capable de s’autoévaluer, être capable de faire son introspection, être capable d’accepter des choix et surtout être capable de se remettre… en question.
On ne joue pas pour une équipe en particulier, on joue pour un club, son club… certains ont tendance à l’oublier.
Vous avez au sein du RCL des « anciens » (Marius (Olbinski), Fabien (Roche)…), avec un bagage immense d’expérience, de compétences, de haut niveau de football et de pratique.
Durant tout mon parcours de joueur, d’éducateur, d’entraîneur, je me suis sans cesse imprégné, nourri et enrichi de joueurs, d’entraîneurs que j’ai pu croiser et côtoyer.
Ne passez pas à côté de ces richesses, ne passez pas à côté de ce (leur) vécu, ne passez pas à côté d’eux.
Écoutez-les, questionnez-les, prenez et acceptez leurs remarques, leurs corrections, leurs conseils, leurs avis…Vous, jeunes éducateurs, joueurs, entraîneurs, dirigeants, vous n’en sortirez que plus fort, vous n’en sortirez que meilleur.
« L’Expérience ne se trompe jamais, ce sont nos jugements qui se trompent« .
En 1990, Patrick Ladwig à l’entrainement, en compagnie d’Hervé Saclier et Fabien Roche